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Si Berlin est une ville très intéressante pour sa culture et sa scène artistique, elle l’est également pour ses bâtiments abandonnés, vestiges du passé et résidences fantômes en ruine qui attirent des explorateurs urbains pour ce que l’on appelle plus communément l’urbex. Beelitz est l’un des bâtiments abandonné de Berlin les plus connus : il plaît notamment aux photographes et architectes,  mais aussi aux curieux en quête d’adrénaline. A l’origine, il s’agit d’un ancien hôpital composé de plus de 60 bâtiments répartis sur plus de 200 hectares érigé au début du XXème siècle. C’est alors l’un des plus grands complexes hospitaliers du coin. Lors de la première et de la Seconde Guerre mondiale, il sert d’hôpital militaire qui accueille les soldats blessés. En 2001, l’hôpital fait faillite et est laissé à l’abandon. Ce lieu irréel a d’ailleurs servi de lieu de tournage au film dramatique et tragique sur la seconde Guerre Mondiale de Roman Polanski (que vous connaissez très certainement), « Le Pianiste ».

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Un lieu onirique

Après avoir effectué plus d’une heure de route dans des transports en communs sans rencontrer âme qui vive, nous avons réussi à nous faufiler dans l’enceinte de l’hôpital. Les bâtiments majestueux à l’architecture étrange nous rappellent un peu la maison en pain d’épices de la sorcière dans le conte des frères Grimm, Hansel et Gretel. Nous pénétrons dans les bâtiments accessibles, et chaque ouverture de porte est un nouvel émerveillement, une nouvelle surprise à nos yeux néophytes : d’immenses graffitis recouvrent la plupart des murs, certains proviennent de véritables artistes, d’autres semblent être de simples symboles de vandalisme. Dans certaines pièces, la nature a repris ses droits et les racines de lierre ondulent sur les murs. Certains objets sont restés tels quels dans les salles d’opération comme les tables de dissections, ce qui insuffle au bâtiment une atmosphère irréelle et onirique, parfois très angoissante et digne d’un film de Tim Burton. On s’attend alors à voir apparaître subitement un chirurgien aux allures de zombie armé d’un scalpel, prêt à nous trancher la carotide, ou un patient, revenu d’entres les morts et les entrailles à l’air, qui chercherait à nous faire hurler de terreur.

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Nous parcourons les dédales de couloirs et d’escaliers, véritable labyrinthe fantôme, et passons à côté d’une citation de Paul Verlaine taguée au mur:

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
C’est bien là la pire peine de ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine !

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Parfois nous rencontrons des âmes esseulées, l’air hagard et égaré, qui, comme nous, sont prises d’un petit vent de panique lorsqu’elles se rendent compte qu’elles ne sont pas seules dans cet endroit noir-merveilleux. C’est au milieu de ce délabrement et bordel artistique que ma pote M. a posé devant mon objectif, ce qui a donné lieu à des photos des plus fantasmagoriques. Celles-ci immortalisent et laissent revivre, un instant seulement, les esprits de ce lieu si particulier.

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