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Tour du monde littéraire 1# Allemagne – Une femme à Berlin (Anonyme)

Une femme à Berlin: Journal 20 avril-22 juin 1945  Mon premier bouquin de la série „Tour du monde littéraire“ débute avec l’Allemagne à laquelle je suis tant attachée et plus précisément Berlin. J’ai choisi de lire un témoignage d’époque sur l’après-guerre après la capitulation de l’Allemagne, qui se déroule entre avril 1945 et juin 1945. Le roman a été publié après la mort de l’auteur et de manière anonyme (à sa demande), peut-être parce que le sujet des viols perpétrés après la guerre fait éclater au grand jour un tabou de l’histoire allemande dont aucun livre d’histoire ne fait cas.

L’auteur décrit le quotidien d’une femme à Berlin à la fin de la guerre : les communautés de femmes se réunissent dans les caves pendant les bombardements à Berlin à la fin de la guerre, ville désertée par les hommes à l’exception des vieillards, des jeunes garçons et de quelques maris. Puis, elle conte l’arrivée des soldats russes, surnommés les „Ivan“ dans le livre. Les viols atroces se succèdent (les soldats étant la plupart du temps sous l’empire de l’alcool) et en deviennent effroyablement banals, les jeunes filles sont cachées dans les souspentes des maisons et les plus fortes touvent des solutions ingénieuses pour éviter les viols collectifs : l’une d’entre elle se maquille en vieille dame, une autre s’habille et se comporte en garçon, l’auteur elle même, comme beaucoup d’autres, trouve un officier russe, un gradé, qui soit assez fort pour la protéger des autres hommes en échange de quoi, elle reçoit un peu de nourriture pour survivre à la famine. Elle le dit elle même : elle n’est plus qu’un corps qu’elle échange contre un peu de nourriture (p. 183). La question du viol devient alors récurrente et revient dans les conversations du quotidien : „Et toi ? Combien de fois ?“

L’auteur est quelqu’un de très cultivé qui a beaucoup voyagé. C’est grâce ses connaissances de russe qu’elle arrive à établir un lien particulier avec les soldats qui viennent régulièrement passer des soirées arrosées chez elle et sa colocataire, „la veuve“. Elle évoque les ruines, le rationnement, le travail à la chaîne dans les usines, les Trümmerfrauen (ces femmes des décombres qui reconstruisent la ville). La journaliste esquisse d’une plume acérée des portraits criants de réalisme et raconte des anecdotes des plus cocasses.

À aucun moment, l’auteur ne se pose en victime : elle décrit avec une certaine froideur les événements et l’atmosphère de Berlin. Malgré l’atrocité des viols et des conditions de vie déplorables, on retrouve dans la lecture une pointe d’humour noir et sarcastique, le tout dans un style soigné, qui dénote une grande culture et ouverture d’esprit. Par ailleurs, ce témoignage nous permet de comprendre la société berlinoise d’aujourd’hui concernant les relations hommes-femmes dans une société de femmes fortes et indépendantes dans laquelle l’homme semble plutôt effacé (sans pour autant rentrer dans les clichés). Après lecture du bouquin, on a peine à comparer l’athmosphère du Berlin d’aujourd’hui avec celui d’il y a à peine 25 ans, bien que de nombreux vestiges du passé soient toujours visibles. Le livre a été traduit en français par Françoise Wuilmart.

Pour en savoir plus sur le sujet, mes lectrices Francoise et Hélène conseillent également le film “Allemagne année 0” de Roberto Rossellini ainsi que le roman “Cet instant là” de Douglas Kennedy. Le mois prochain, rendez-vous en Pologne avec Polocoktail Party de Dorota Maslowska !!

20 trucs complètement oufs à faire à Berlin

1 – Faire de la slack avec le cirque Karakuli (+ acro et jonglage) tous les samedis après-midi à Hasenheide

slack karakuli

Slackline à Hasenheide – @Salondetheberlinois.com

2 – Observer le ciel, la ville et les orages en hauteur sur le rooftop du Klunkerkranich

klunkerkranich

Le Klunkerkranich – @Salondetheberlinois.com

3 – Voir la chorale berlinoise Cantus Domus chanter une messe magnifique accompagnée de sons électros réalisés par le DJ Danois Mads Brauer dans une salle de la brasserie Kindl

Cantus Domus DJ Mads Brauer Kindl Brauerei

La salle de concert dans la Kindle Brauerei – Photo : Cantus Domus

4 – Siffler une bière dans le bar berlinois Pony Saloon en écoutant les anecdotes d’un vieux Berlinois sur sa vie pendant le Mur et après la chute du Mur

pony saloon

Affiche Pony Saloon

5 – Faire un pique-nique à Krumme Lanke avec le gang de filles, piquer une tête et se perdre dans la forêt de Grunewald

krumme lanke

Krumme Lanke – Photo : Schönes Berlin

6 – Faire une soirée cabaret franco-allemande avec Improfusion à la Villa Neukölln

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Découvre la série Deutschland 83 avec le Festival „Séries Mania“ à Paris, le 18 avril

séries mania carrefour du cinéma d'animation paris Forum des images

Comme tous les ans, le Carrefour du cinéma d’animation de Paris propose un programme international très diversifié et inclut régulièrement des films d’animation, films et documentaires d’origine allemande que je relaye généralement sur le blog. L’année dernière, on avait pu y voir les films du célèbre réalisateur germano-turc Fatih Akin et les petits films animés et engagés d’Andreas Hykade. Cette année, tu auras l’occasion de découvrir les deux premiers épisodes de la série Deutschland 83 lors de la sixième édition Séries Mania. Pour les accros aux séries (comme moi), voici entre autres, celles qui seront présentées au cours du festival : 1992, American Crime, Banished, Bloodline, Blue Eyes, Bosch, Dardevil, etc. (Toutes les séries). Et le mieux, c’est que l’entrée est gratuite – raison de plus pour sortir et profiter du septième art en plein coeur de Paris ! Il te suffit juste de réserver ta place ici !

„Pour son 6e anniversaire, le festival Séries Mania poursuit son exploration internationale afin d’exposer, toujours en accès gratuit dans toutes les salles du Forum des images, les meilleures séries de l’année, accompagnées par leurs créateurs et suivies de nombreux débats.“ (Forum des images)

La série Deutschland 83 – Retour en temps de Guerre froide

deutschland 83

Scène Deutschland 83 – Source : ufa-fiction.de

Je ne connaissais pas la série auparavant qui me semble néanmoins prometteuse. Ce thriller allemand nous replonge dans l’époque de la Guerre froide menacée par une Troisième Guerre nucléaire et nous immerge dans l’univers impitoyable de la Stasi allemande. Cette série a d’ailleurs été présentée aux Berlinales en 2015 et connaît déjà un certain succès. Elle a déjà été rachetée par la chaîne américaine Sundance TV.

Le résumé :
„1983, en pleine Guerre froide. Alors que le monde est au bord de la catastrophe nucléaire, la Stasi envoie un jeune espion de l’Est infiltrer l’armée de l’Ouest…  Les créateurs de Generation War proposent un thriller d’espionnage passionnant, doublé d’un récit initiatique et porté par une remarquable bande-son d’époque.“ (Forum des images)

Pour laisser le suspens entier, il n’y a pas encore de trailer officiel à voir sur Youtube. La représentation aura lieu le 18 avril à 20 h 30 et sera suivi par un débat avec Anna & Jörg Winger, les créateurs de la série. (Moi j’dis wahooo quoi !)

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Le concert de Alt-J à la Columbiahalle Δ

alt-J

Alt-J – Photo : Gabriel Green

Cela fait au moins 6 mois que j’attends ce moment : voir Alt-J en concert. Leurs deux albums An Awsome Wave et This ist all Yours sont selon moi de véritables bijoux, au niveau des chants mais aussi de la musique planante et transcendante. J’aime tous leurs morceaux sans exception, de Matilda (inspiré du film de Luc Besson Léon) à Breezeblocks, en passant par le sauvage Taro, le transcendant Nara et l’excellent Hunger of the Pine.

Proches de la perfection…

Alt-J est à l’origine un groupe composé de quatre jeunes Anglais : Joe Newman, Gus Hunger-Hamilton, Gwil Sainsbury et Tom Green. Le guitariste Gwil Sainsbury n’est désormais plus de la partie, ayant quitté le groupe avant la conception du second album. Ils ont des airs de nerds et le symbole de leur groupe est un triangle. Car oui, lorsqu’on tape alt+j sur un clavier de Mac, on crée cette fameuse figure gémétrique triangulaire : Δ . Les journaux (et notamment les Inrock) ne tarissent pas d’éloges sur eux, les gens en tombent directement sous le charme. Je suis fébrile à l’idée de les voir pour la première fois. Après un long moment d’attente à clopiner d’un pied sur l’autre, il sont là, sur scène et ne bougent pas d’un poil, stoïques et timides, seules leurs lèvres remuent. Les jeux de lumière, puissants, ne nous font voir que leurs silhouettes immobiles et effacées.
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